La prochaine Révolution française? Estratto di una intervista a Marine Le Pen apparsa su Foreign Affairs
è un estratto significativo di una intervista pubblicata sulla rivista bimestrale Foreign Affairs di novembre/dicembre 2016 https://www.foreignaffairs.com/interviews/2016-10-17/france-s-next-revolution Mi pare rilevante soprattutto per l’interlocutore scelto. L’intervista è disponibile anche in inglese
France’s next revolution? Estratto di una intervista a Marine Le Pen dalla rivista Foreign Affairs
La prochaine Révolution française?
Conversation avec Marine Le Pen
Marine Le Pen
• Country: France
• Title: Leader of the National Front
Marine Le Pen a grandi en politique. Dès l’âge de treize ans, elle rejoint la campagne électorale de son père, Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National. Avocate, elle gagne sa première élection et est élue conseillère régionale en 1998. En 2011 elle succède à son père à la tête du Front National et commence à prendre ses distances avec les positions les plus extrêmes. Finalement, elle expulse son père du parti après qu’il eut réaffirmé que l’Holocauste était un « point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Ces jours-ci, face à la crise migratoire en Europe, les attentats terroristes à Paris et à Nice et le Brexit, le message nationaliste, eurosceptique, et anti-immigrant de Marine Le Pen résonne. Selon les sondages d’opinion, elle est parmi les meneurs à la présidence française de 2017 avec deux fois plus de soutiens que le président sortant François Hollande. Marine Le Pen s’est entretenue en septembre, à Paris, avec Stuart Reid, journaliste à Foreign Affairs.
A travers l’Europe, les partis anti-establishment, dont le Front National, gagnent du terrain. Comment l’expliquez-vous?
Je crois que la liberté est une aspiration des peuples et que depuis de trop nombreuses années, les peuples des pays de l’Union Européenne, mais aussi peut-être le peuple américain, ont le sentiment que les responsables politiques ne défendent plus leurs intérêts mais défendent des intérêts catégoriels. Il y a une forme de fronde de la part des peuples à l’égard d’un système qui n’est plus au service des peuples, mais qui est au service de lui-même.
Pensez-vous qu’il y a des facteurs communs entre le succès de Donald Trump aux Etats-Unis et le vôtre ici en France?
Oui. Je trouve surtout qu’il y a des points communs dans la montée en puissance de Donald Trump et de Bernie Sanders. Tous les deux ont émergé sur ce rejet d’un système qui apparait profondément égoïste et même egocentrique et qui a mis de côté les aspirations du peuple. Donc, j’effectue un parallèle entre ces deux succès, car ce sont deux succès. Même si Bernie Sanders n’a pas été désigné, son émergence n’était pas prévue. Donc oui, je crois qu’il y a là vraiment dans beaucoup de pays du monde, un courant d’abord d’attachement à la nation, de rejet d’une mondialisation sauvage, un rejet de cela parce que c’est ressenti aujourd’hui comme une forme de totalitarisme. C’est imposé à toute force, la guerre de tous contre tous au bénéfice de quelques-uns seulement.
Vous avez déclaré « tout sauf Hillary ». Cela signifie-t-il que vous soutenez Trump?
J’ai bien été claire. Je pense que tout élu serait, dans ma vision, meilleur qu’Hillary Clinton. Je vise à être présidente de la République française donc je m’attache à l’intérêt de la France exclusivement. Je n’ai pas à me mettre dans la peau d’un américain pour savoir si la politique domestique proposée par l’un ou l’autre me va. Ce qui m’intéresse c’est quelles peuvent être les conséquences des choix politiques portés par Hillary Clinton ou par Donald Trump sur la situation de la France, économiquement, en matière de sécurité.
Or je note que Madame Clinton est pour le TAFTA (traité de libre-échange transatlantique, ndlr). Monsieur Trump est contre. Moi, je suis contre aussi. Je note que Mme Clinton est porteuse de guerre dans le monde, qu’elle a, derrière elle, l’Irak, la Libye, la Syrie et que ceci a eu des conséquences extrêmement lourdes pour mon pays, en terme, notamment de déstabilisation, de montée en puissance du fondamentalisme islamiste et de ces gigantesques vagues de migrations qui sont en train de submerger l’Union Européenne. Monsieur Trump souhaite une forme de retour des Etats-Unis dans leur cadre naturel. Madame Clinton pousse à cette forme d’extraterritorialité du droit américain, dont je crois que c’est une arme inadmissible pour des peuples qui souhaitent rester indépendants. Donc tout ça me fait dire que l’intérêt de la France aujourd’hui entre Hillary Clinton et Donald Trump, c’est plutôt la politique que promet Donald Trump.
JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS
Aboard the aircraft carrier Charles de Gaulle, Toulon, France, November 2015.
Le taux de chômage en France dépasse les 10%. C’est le deuxième taux le plus élevé parmi les membres du G7. Quelles sont, selon vous, les racines du malaise économique en France? Quelles solutions proposez-vous?
Aujourd’hui, tout le monde propose les solutions du Front National précisément. Nous avons enregistré une très belle victoire idéologique puisque j’entends Monsieur Montebourg (ancien ministre de l’Economie, ndlr) plaider pour le « Made in France », qui est un des axes défendus par le Front National.
Le taux de chômage est beaucoup plus important que cela, car il y a toute une série de magouilles statistiques mis en œuvre – les stages, les préretraités, le travail partiel – qui permet de ne pas faire entrer les français dans les statistiques du chômage.
Il y a plusieurs raisons (à un chômage élevé, ndlr). La première raison c’est le libre échange total, qui nous met en concurrence déloyale avec des pays qui effectuent à notre encontre un dumping social et un dumping environnemental sans que nous nous donnions les moyens de nous protéger et de protéger nos entreprises stratégiques à la différence de ce que font les Etats-Unis. Quand je vous parlais de dumping social, la directivedétachement des travailleurs qui fait qu’on va chercher des travailleurs à très bas coûts qu’on amène pour travailler en France est également une raison.
Le deuxième c’est le dumping monétaire que nous subissons. L’euro – le fait de ne pas avoir notre monnaie – nous met dans une situation économique extrêmement difficile. Le FMI vient de dire que l’euro était surévalué de 6 % en France et sous-évalué de 15 % en Allemagne. Ça fait un différentiel de 21 % de compétitivité que nous perdons, face à notre principal concurrent au sein de l’Europe.
Et puis, c’est aussi la disparition de l’état stratège. Cet état très gaullien qui portait en quelque sorte nos champions industriels et qui a été totalement abandonné. Vous savez, la France est un pays d’ingénieurs. C’est un pays de chercheurs. Mais c’est vrai que ça n’est pas un pays de commerciaux. Et que donc bien souvent, on s’aperçoit dans l’Histoire que nos grands champions industriels n’ont réellement pu se développer, que grâce à l’impulsion apportée par l’état stratège, en abandonnant ça, et bien on se prive d’un levier de développement très important.
Parlons de l’euro. Sur un plan pratique, et si vous obtenez le soutien populaire, comment vous y prendriez-vous?
Ce que je souhaite, c’est une négociation. Ce que je souhaite c’est une sortie concertée de l’Union Européenne où tous les pays sont autour de la table et décident de revenir au phénomène du serpent monétaire européen (une politique des années 1970 conçue pour limiter les variations de taux de change, ndlr) qui permet à chaque pays, de pouvoir, dans un espace délimité, adapter la monnaie à son économie. C’est ce que je souhaite. Je souhaite que ça se fasse dans la douceur, dans la concertation.
Beaucoup de pays aujourd’hui prennent conscience qu’ils ne peuvent pas continuer à vivre avec cette monnaie parce que la contrepartie de l’euro c’est la politique d’austérité dont on voit bien qu’elle contribue à aggraver la récession dans les pays. Je vous renvoie au livre que vient d’écrire (ndlr, l’économiste Joseph) Stiglitz, qui est très clair sur ce sujet. Cette monnaie est totalement inadaptée à nos économies et cette monnaie est une des raisons de la situation de chômage que vivent les pays de l’Union Européenne. Alors soit on arrive par la négociation, soit et bien nous ferons un référendum comme la Grande Bretagne, et on décidera de reprendre la maîtrise de notre monnaie.
Pensez-vous qu’un referendum sur un « Frexit » est envisageable?
En tout cas, moi, je l’envisage. Le peuple français a été trahi en 2005. Il a dit non à la constitution européenne ; les élus de droite et de gauche ont imposé contre sa volonté cette constitution européenne. Moi, je suis une démocrate. Je pense que c’est au peuple français de décider de son avenir et que tous ce qui touche à sa souveraineté, à sa liberté, à son indépendance doit être décidé par lui et par personne d’autre.
Donc oui, moi, j’organiserai un referendum sur ce sujet. Et selon les négociations que j’aurai effectué, je dirai aux français, « écoutez, j’ai obtenu ce que je voulais, je pense que nous pouvons rester dans l’Union Européenne », ou « je n’ai pas obtenu ce que je souhaitais, et je crois qu’il n’y a pas d’autres solutions que de sortir de l’Union Européenne ».
Quelles leçons tirez-vous du succès de la campagne britannique sur le Brexit ?
Deux leçons majeures. D’abord, quand le peuple le souhaite, rien n’est impossible. Et deuxièmement, on nous a menti. On nous a expliqué que ce serait la catastrophe ce Brexit, que les bourses allaient s’effondrer, que l’économie allait êtremise à l’arrêt, que le chômage de masse allait exploser. La réalité c’est que rien de tout cela ne s’est passé. Les banques aujourd’hui piteusement viennent nous dire, « ah, nous nous sommes trompées ». Non, vous nous avez menti. Vous nous avez menti pour essayer d’influer sur le vote, mais les peuples commencent à connaitre vos méthodes qui consistent à les terroriser lorsqu’ils ont un choix à faire. C’est une grande preuve de maturité dont a fait preuve le peuple britannique au moment de ce vote.
Ne craignez-vous pas que la France se retrouve isolée économiquement si elle sort de l’euro?
C’est exactement les reproches que l’on faisait au Général de Gaulle lorsqu’il souhaitait en 1966 sortir du commandement intégré de l’OTAN. La liberté n’est pas l’isolement. L’indépendance n’est pas l’isolement. Et moi, ce que je note c’est que la France a toujours été beaucoup plus puissante en étant la France seulement que depuis qu’elle est une province de l’Union Européenne. Je souhaite retrouver cette puissance.
Beaucoup pensent que l’Union Européenne a permis de préserver la paix depuis la seconde guerre mondiale. Pourquoi ont-ils tort?
Parce que ça n’est pas l’Union Européenne qui a fait la paix ; c’est la paix qui a permis l’Union Européenne. Cet argument, qui a été rabâché à de très multiples reprises, n’a pas de sens. La paix d’ailleurs n’a pas été parfaite au sein de l’Union Européenne – le Kosovo, l’Ukraine à ces portes – ce n’est pas si simple.
En fait, l’Union Européenne s’est progressivement transformée en une sorte d’union soviétique européenne, qui décide de tout, qui impose ses vues, qui rompt avec le processus démocratique. Il n’y a qu’à entendre la déclaration de Monsieur Juncker (président de la Commission européenne, ndlr), il dit « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Tout est dit dans cette formule. Nous ne nous sommes pas battus pour être un peuple libre et indépendant lors de la première guerre mondiale, lors de la seconde guerre mondiale, pour aujourd’hui accepter de ne plus être un peuple libre parce que certains de nos dirigeants ont décidé à notre place.
PHILIPPE WOJAZER / REUTERS
German Chancellor Angela Merkel and French President Francois Hollande in Evian, France, September 2016.
Que pensez-vous du leadership allemand en Europe au cours des dernières années?
Il était inscrit dans la construction de l’euro. En réalité, l’euro est une monnaie qui a été construite par l’Allemagne pour l’Allemagne et qui est un costume qui ne va qu’à l’Allemagne. Madame Merkel a eu peu à peu le sentiment qu’elle était la dirigeante de l’Union européenne. Elle a imposé ses vues. Elle les a imposées en matières économiques, mais elle les a aussi imposées en acceptant d’accueillir 1 million de migrants en Allemagne, en sachant pertinemment que l’Allemagne ferait le tri dans ces migrants. Elle garderait les meilleurs et elle laisserait les autres aller dans les autres pays de l’Union Européenne. Il n’y a plus de frontières intérieures entre nos pays et donc cette situation est absolument inadmissible. Le modèle imposé par Mme Merkel est surement un modèle qui plait aux allemands, mais c’est un modèle qui tue les pays voisins de l’Allemagne. Moi, je suis l’anti Merkel.
Que pensez-vous de l’état des relations entre la France et les Etats-Unis, et que pensez-vous qu’elles devraient être?
Aujourd’hui les dirigeants français se soumettent très facilement aux exigences qui sont portées soit par Madame Merkel, soit par Monsieur Obama. La France a oublié de défendre ses intérêts, y compris ses intérêts commerciaux et industriels, face aux exigences des Etats-Unis. Je suis pour l’indépendance. Je suis pour que la France reste à équidistance sans hostilité mais sans soumission à l’égard des deux grandes puissances que sont la Russie et les Etats-Unis. Nous avons le droit de défendre nos intérêts, comme les Etats-Unis ont le droit de défendre les leurs, comme l’Allemagne a le droit de défendre les siens, comme la Russie a aussi le droit de défendre les siens.
Pourquoi pensez-vous que la France devrait se rapprocher davantage de la Russie sous Vladimir Poutine?
D’abord parce que la Russie est un pays européen. La France et la Russie ont une histoire partagée, une proximité de culture très forte. Et stratégiquement nous n’avons aucune raison de ne pas approfondir nos relations avec la Russie. La seule raison pour laquelle nous ne le faisons pas c’est parce que les américains nous l’interdisent. Ça heurte mon souhait d’indépendance. De surcroit je pense que les Etats-Unis commettent une erreur en recréant une forme de guerre froide avec la Russie, parce qu’ils poussent la Russie dans les bras de la Chine et je ne crois pas que cette ultra puissance que consistuerait une association Chine-Russie soit un avantage ni pour les Etats-Unis, ni pour le monde, objectivement.
Les derniers sondages donnent le Front National au second tour face au parti Les Républicains. Dans le passé, et notamment en 2002, les partis se sont unis pour faire barrage. De votre côté seriez-vous prête à conclure des alliances et dans cette perspective, avec qui?
Ce n’est pas à moi de décider de cela. Cette élection présidentielle va être une élection où un grand choix va devoir être fait, est-ce que nous défendons ce choix de civilisation ou est-ce que nous l’abandonnons ? Par conséquent, je pense qu’il y a des gens qui peuvent venir de tout horizon politique, de droite et de gauche, qui sont d’accord avec moi et qui peuvent nous rejoindre.
Le Front National que vous dirigez a bien changé par rapport à celui que votre père a fondé. A quel moment de votre carrière politique avez-vous compris que le Front National devrait prendre de la distance avec cette image extrémiste s’il voulait pouvoir faire face aux autres parties?
Le Front National était par le passé un parti de protestation. C’était un parti d’opposition. C’est la monté en puissance du Front National qui de manière naturelle l’a transformé en parti de gouvernement, c’est-à-dire, en parti qui envisage d’accéder aux plus hautes responsabilités pour appliquer ces idées. Il est vrai que de surcroit un mouvement politique est toujours influencé par la personnalité de son dirigeant. Je n’ai pas le même parcours que mon père. Je n’ai pas le même âge que lui, je n’ai pas le même profil, c’est un homme, je suis une femme. Tout ça à fait que j’ai peut-être imprimé au Front National, une image qui correspondait plus à ce que je suis, que à ce qu’il était, lui.
YOUSSEF BOUDLAL / REUTERS
At a mosque in Paris, January 2015.
Comment la France peut-elle se protéger d’autres attaques terroristes comme celle de Nice en juillet dernier?
Pour l’instant, elle n’a strictement rien fait. Il faut qu’elle arrête l’arrivée des migrants au sein desquels on le sait s’infiltrent des terroristes. Il faut qu’elle arrête le droit du sol, l’acquisition automatique de la nationalité française sans aucun critère qui a fabriqué des français qui soit comme Coulibaly et Kouachi (les terroristes derrière les attentats de Paris en Janvier 2015, ndlr) avaient un long passé de délinquance, soit ont une hostilité à l’égard de la France. Ce n’est pas le cas de tous ; je ne généralise pas mais c’est un bon moyen d’avoir un phénomène de surveillance. Il faut qu’elle mette en place la déchéance de la nationalité pour les doubles nationaux qui ont un lien quelconque avec ces organisations terroristes.
Il faut surtout qu’elle lutte contre le développement du fondamentalisme islamiste sur notre territoire car pour des raisons électoralistes, la classe politique française a déroulé le tapis rouge à ce fondamentalisme islamiste qui s’est développé par l’intermédiaire de mosquées, de centres culturels, de centres soit disant cultuels financés non seulement par la France, mais aussi par des pays dont nous savons qu’ils soutiennent le fondamentalisme islamiste. Il faut retrouver la maitrise de nos frontières, car je ne vois pas comment on peut lutter contre le terrorisme en ayant des frontières ouvertes à tous les vents.
Vous avez déclaré que, à part l’Islam, aucune autre religion ne pose des problèmes. Pourquoi pensez-vous que cela est vrai?
Parce que l’ensemble des religions en France sont soumises aux règles de la laïcité. Beaucoup de musulmans l’on fait aussi, disons-le clairement. Mais certains au sein de l’Islam, et je pense bien sûr au fondamentalisme islamiste, ne peuvent pas accepter cela pour une raison simple, c’est qu’ils considèrent que la charia, c’est-à-dire la loi religieuse est supérieure à toutes autres formes de loi ou de norme, y compris la constitution française. Ça n’est pas admissible.
Depuis un siècle, depuis la loi sur la laïcité, personne n’a cherché à imposer une loi religieuse en faisant plier les lois du pays ou en faisant plier la constitution du pays. Ces groupes de fondamentalistes islamistes cherchent à faire cela. Il faut donc le dire, parce qu’on ne peut pas lutter contre un ennemi si on ne le désigne pas. Il faut être intransigeant sur le respect de notre constitution et de nos lois. Et honnêtement, la classe politique française a plutôt été dans l’esprit des accommodements raisonnables à la canadienne que dans l’esprit de cette intransigeance qui permet de protéger nos grandes libertés publiques. On le voit avec les gigantesques régressions des droits des femmes qui sont vécues aujourd’hui sur le territoire français. Les femmes qui ne peuvent plus, dans certains endroits, se vêtir comme elles le souhaitent.
Vous soutenez l’interdiction du burkini. Quel est le problème avec le burkini?
Le problème c’est que ça n’est pas un maillot de bain. C’est un uniforme islamiste. C’est un des multiples moyens grâce auxquels le fondamentalisme islamiste effectue, à notre égard, un bras de fer. Lorsque l’on acceptera que les femmes soient soumises à cet uniforme islamiste, la deuxième étape sera que l’on accepte la non-mixité dans les espaces publics, dans les piscines, et que l’on accepte après la différenciation des droits entre les hommes et les femmes. Si l’on ne voit pas cela, alors, on n’a pas compris le combat auquel nous sommes confrontés aujourd’hui face aux fondamentalistes islamistes.
Mais, est-ce que cette mesure favoriserait vraiment une intégration des musulmans de France?
C’est quoi l’intégration? C’est vivre l’un à côté de l’autre en ayant chacun notre mode de vie, nos codes, nos mœurs, notre langue? Le modèle français c’est le modèle de l’assimilation. La liberté individuelle ne permet pas de remettre en cause les grands choix de civilisation qui sont ceux de la France.
En France, on n’accepte pas le concept de la victime consentante. Dans le droit pénal français, par exemple, on n’accepte pas que les gens se fassent du mal à eux-mêmes au motif qu’ils ont le droit puisqu’il s’agit d’eux-mêmes. On n’accepte pas ça parce que ça remet en cause nos grands choix de civilisation, l’égalité à une femme, le refus du communautarisme, c’est-à-dire de communautés organisées entre elles qui vivent selon des lois qui sont des lois à elles. C’est le modèle anglo-saxon. Ça n’est pas le nôtre. Les anglo-saxons ont le droit de défendre leur modèle, mais nous, nous avons le droit de défendre le nôtre.
Pensez-vous que le modèle d’intégration aux Etats-Unis est plus ou moins efficace qu’en France?
Je n’ai pas à juger de cela. C’est le problème des américains. Moi, je ne veux pas de ce modèle-là. Mais ce modèle, il est la conséquence de l’histoire des Etats-Unis, des communautés issues d’un certain nombre de pays sont allées sur cette terre vierge qu’étaient les Etats-Unis pour créer une nation qui est constituée de gens qui venaient de partout. Ça n’est pas le cas de la France. La France est une longue construction humaine et juridique très ancienne. Rien n’est là par hasard. La laïcité c’est la manière que nous avons eu de gérer les conflits religieux qui ont mis notre pays à feu et à sang.
Je ne demande pas à imposer mon modèle aux autres, mais je ne souhaite pas que les autres puissent décider que mon modèle n’est pas le bon. Je suis souvent choquée de voir que des pays étrangers condamnent le modèle français. Moi, je ne condamne pas le modèle américain. Mais je ne veux pas qu’on condamne le mien. Moi je pense que le communautarisme porte en germe les conflits entre les communautés, et je ne souhaite pas que mon pays soit au prise avec des conflits entre communautés. Moi, je ne reconnais que les individus. Ce sont les individus qui ont des droits. Ce sont les individus qui ont le libre arbitre. Ce sont les individus qui s’assimilent. En aucun cas ce sont les communautés.